L’objectif du panel est de mobiliser les responsables politiques, les acteurs médiatiques et les organisations régionales à s’engager activement pour la liberté des médias et la lutte contre la désinformation comme alternative porteuse de changements durables.
La région du Sahel est confrontée depuis dix ans à une insécurité croissante. La menace principale est la présence de divers groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l'État islamique opérant au Mali, au Niger et au Burkina Faso, ciblant régulièrement les civils et les forces armées. Dans ce contexte, le rétrécissement de l'espace civique et la pression à l'encontre des médias se sont accentués : contrôles accrus, censure, suspension de médias, arrestations de journalistes, etc. Reporters sans Frontières fait état qu’en dix ans, cinq journalistes ont trouvé la mort au Sahel et six autres ont disparu. Après le Mali (2020, 2021) et le Burkina Faso (deux fois en 2022), le Niger est le troisième pays du Sahel à connaître un coup d'État en trois ans (2023) en plus d’un changement de pouvoir anticonstitutionnel au Tchad (2021).
L'écosystème de l'information au Sahel est fragmenté et fragile. Il se caractérise par un grand nombre de médias, mais leur niveau de professionnalisme est faible et leur vulnérabilité face à la récupération partisane et par des discours extrémistes est élevée. Cette fragilité est reproduite dans l'espace numérique. Pour mieux relever ces défis, il est nécessaire de comprendre les principales sources et la dynamique des flux d'information, à la fois hors ligne et en ligne, et par le biais des médias et d'autres moyens.
La désinformation se propage largement au Sahel depuis des années, semant la discorde et la confusion. Fausses informations, rumeurs, vidéos détournées, audios manipulés, sévissent sur les médias sociaux et sont parfois relayés par les médias. Des informations extrêmement confuses émanent aussi bien du terrain que des plus hautes sphères politiques, de canaux ascendants et descendants, hors ligne et en ligne. Il est difficile de quantifier la portée des fausses nouvelles et d’en identifier les sources, une grande partie du contenu étant transmise sur WhatsApp ou d’autres plateformes.
Dans ce contexte difficile, le rôle des médias indépendants dans la prévention des crises multiformes est crucial. Cela passe par une information fiable et inclusive, accessible au plus grand nombre. Plusieurs médias aujourd’hui proposent des rubriques « Fact-checking » dans lesquelles les journalistes vérifient systématiquement les affirmations largement partagées par les responsables gouvernementaux ou politiques ou circulant en ligne et démontent ces fausses informations. De telles initiatives doivent être soutenues afin de permettre aux médias de contrer les rumeurs, la désinformation et la propagande qui polarisent l’opinion publique. Une information diversifiée et fiable est un antidote évident à la désinformation. Les gouvernements peuvent y contribuer en garantissant la liberté de la presse et en encourageant le développement de médias indépendants, libres, pluralistes et diversifiés.
Ce panel est coorganisé par la Fondation Hirondelle et le Département fédéral des affaires étrangères. Ce dernier promeut les conditions-cadres pour la liberté et la diversité des médias et la lutte contre la désinformation dans un souci de renforcement des institutions démocratiques. Journalistes, chercheurs et représentants officiels africains et européens réfléchiront ensemble aux possibles mesures non militaires à soutenir au Sahel pour rétablir la paix.
Please note that the event will be in French only.
